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17 novembre 2023

Clotilde Debain, céramiste : le beau dans la sobriété

La céramique, un travail de chimiste ? Un miroir de soi, une quête de simplicité et de sobriété ? Une démarche créatrice emplie de générosité  ? Clotilde Debain nous raconte son parcours et son approche artistique, en évolution permanente et à son image : douce et lumineuse. Rencontre.

Kreamondo : Comment as-tu trouvé ta vocation de céramiste ?

Clotilde Debain : « Je suis très manuelle. Depuis toujours, j’adore travailler avec mes mains. Juste après le lycée, je me suis orientée vers les Arts appliqués. Acceptée à l’école Boulle à Paris, j’ai pu suivre le cursus « design et communication ». Sensible à l’esthétique, les décors graphiques et mises en scène me fascinent. Cependant, je me suis rapidement rendue compte que j’avais envie d’utiliser cette connaissance pour créer de mes mains. Très vite, l’artisanat s’est imposé à moi. Restait à savoir vers quel métier de l’artisanat d’art me tourner… J’avais pour habitude de flâner dans les ateliers des artisans et un jour, une camarade de classe m’a présenté sa sœur, céramiste. Celle-ci m’a fait découvrir son univers, son travail de la céramique, et les possibilités infinies qu’offre cette matière. La possibilité de créer des objets de A à Z de ses propres mains m’a convaincue ! J’allais devenir céramiste, c’était une évidence !

Après mon BTS, je me suis orientée vers un DMA, un diplôme des métiers d’art en céramique artisanale à Antibes, une formation complète avec de nombreux stages. Auprès des céramistes, je découvrais la « liberté » de l’atelier, de pouvoir travailler à son rythme et pour soi. Je me suis sentie à ma place dans ce lieu ».

L’atelier de Clotilde Debain

Qu’est ce qui te plaît dans le travail en atelier ?

Un atelier, c’est un lieu bien particulier, où chacun y met un peu de soi, un lieu de partage et d’échanges. Il y a beaucoup de vie autour de l’atelier, avec régulièrement des promeneurs, des clients, des curieux ou amis qui passent. J’ai mon petit coin à moi et si j’ai besoin de me concentrer, d’être au calme, il me suffit de fermer la porte et de rentrer dans mon univers. Il y a des moments pour la réflexion, le travail, et d’autres pour le partage.

Pourrais-tu nous décrire ton travail de la céramique ?

C’est un travail épuré, dans la sobriété. Je suis sensible aux monochromes, aux nuances de couleurs. J’essaie d’être dans la subtilité, rien de fringant. Des choses simples, intemporelles, mais avec du travail derrière. Je réalise de nombreux prototypes.

Quel est ton rapport avec la matière ?

Ma technique de prédilection : le tournage. Cette technique me correspond bien, il y a cette dimension très manuelle tout en pouvant être efficace et permettre de produire en série.

Tournage : les gestes de Clotilde Debain

Peux-tu nous parler de tes créations ?

Aujourd’hui, je développe deux collections en parallèle, une première en porcelaine et une seconde en grès. La porcelaine est visuellement très pure et du coup, je n’y ajoute pas de couleur, je joue plutôt avec les reliefs, les ombres. Pour ma collection en grès, je travaille beaucoup sur les émaux et apporte des nuances de couleurs, mais ce toujours de manière très subtile. Pour les émaux, j’ai des idées très précises de ce que je souhaite obtenir mais la recherche de couleurs est très longue… J’ai souvent l’impression d’être une éternelle insatisfaite.

J’essaie de créer un univers cohérent et harmonieux. Avec le temps, mon approche esthétique se précise avec quelque chose de lumineux, de doux, qui peut vivre dans le temps et s’adapter à tout le monde. Il y a une réelle recherche esthétique dans mon travail mais je n’oublie jamais l’usage, la dimension utile. Quand un client me dit « J’adore ma tasse, je l’utilise tous les jours », je suis heureuse. Un bel objet permet d’apporter de la valeur à l’usage.

Assiette en porcelaine gravée

Tasses à café en grès émail bleu polaire

Qu’est ce qui t’inspire pour créer ?

Ça va paraître terre à terre mais j’aime bien répondre à un besoin ! D’ailleurs, je reçois de plus en plus de commandes professionnelles. Je suis assez pragmatique.

Reprendre les détails qui vont faire penser à l’usage. Une courbe, un relief me plaît et ensuite je vais pouvoir multiplier cet aspect , le cumuler.

Qu’est ce qui te satisfait dans ton travail ?

Pouvoir faire les choses de moi-même. Une autonomie dans tout le processus, le choix de la terre, la fabrication d’une pièce, la création des couleurs, et le fait d’être à mon compte. Je travaille avec des terres blanches pour mieux faire ressortir les nuances de couleurs, et fabrique mes émaux à partir de minéraux en poudre en suivant certaines formules, fruits de mes recherches. Trouver ses formules est un véritable travail de chimiste, et le résultat de beaucoup de tentatives, car la couleur n’apparaît qu’après la cuisson. On trempe la pièce dans un bain d’émail qu’on met ensuite au four. La couleur nappe la pièce au fur et à mesure de la cuisson et la couleur ne se dévoile qu’une fois sortie du four. Pour savoir quel composant va donner du mat, du vert, tu ne le sais qu’après plusieurs essais.

Recherche des émaux

A l’avenir, j’ai pour projet d’aller encore plus loin dans cette autonomie, de prélever moi-même ma terre et de développer mes émaux à partir de cendres végétales et de minéraux récoltés par mes soins.

Comment imagines-tu ton travail évoluer ?

J’essaie de nouvelles recettes, je commence à arrondir certaines courbes, à mettre des volumes. On est amené à évoluer au gré des rencontres et des projets. J’espère développer davantage les commandes pour la restauration qui me semblent donner du sens à mon travail.

L’évolution est naturelle et continue. Lorsque l’on est artisan, on met une part de soi-même dans son travail qui, comme nous, est amené à évoluer.

Portrait de Clotilde Debain à l’atelier

Nos lecteurs pourront retrouver tes créations sur cette page. Merci Clotilde !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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