Fleurs de Sardines – la cosmétique responsable 100% français
Créer des cosmétiques réellement écologiques, 100% français, loin des effets d’annonce et du green-washing ? Eléonore, la créatrice de Fleurs de Sardines, nous livre sans détour sa démarche créatrice responsable, et les défis rencontrés au quotidien. Mais cet entretien nous révèle aussi une personnalité ancrée dans ses valeurs et sa quête de sens. Découverte.
Pourquoi Fleurs de Sardines ?
Alors ça, on me le demande tous les jours ! Ma boutique est rue des Poissonniers dans le 18ème arrondissement à Paris, et j’adore les sardines !
Pour développer un peu, les noms de marque sont souvent trop sérieux. Je souhaitais un nom un peu décalé, rigolo, qui amène à la discussion. Si j’avais nommé ma marque de manière plus traditionnelle, comme « la savonnerie d’Eléonore », personne ne m’interrogerait à ce propos. Un nom comme « Fleurs de Sardines » ça intrique, ça marque les gens. La dernière fois, lors d’un salon, une femme est venue à mon stand pour me dire qu’elle avait vu mes savons à Trouville. Elle se souvenait très bien du nom de ma marque. Voilà, je voulais un nom qui marque !
Et puis Fleurs de Sardines, c’est beau et poétique aussi. Pour moi, ce sont les souvenirs de l’enfance, la mer, les barbecues en famille. D’ailleurs dans ma charte graphique, vous ne verrez jamais dessiner une sardine. Les visuels du packaging réalisés par Pauline, une artiste bretonne, sont très subtils et esthétiques entre peinture et petit dessin.
Est-ce que ce nom vous a déjà porté préjudice ?
Il arrive que certaines personnes soient dubitatives. Lorsque je suis dans ma boutique, j’entends les commentaires du tout venant passant devant ma vitrine. Ainsi, j’ai le retour sans filtre des passants qui s’interrogent sur le nom de ma marque. Honnêtement, jusqu’ici ça m’a plutôt porté chance, je n’ai jamais eu un refus ou manqué une opportunité à cause du nom de ma marque.
Comment vous est venue l’idée de créer une savonnerie ?
Il y a plusieurs années, j’ai quitté Nice pour Paris. Au départ, Paris m’était difficile puis j’ai trouvé une colocation rue des Poissonniers, un quartier pas vraiment favorisé à Paris, et pourtant c’est là que j’ai commencé réellement à m’attacher à Paris. C’est dans cette rue, dans cette colocation que j’ai pris la décision de changer de métier, de passer de l’audit financier à la savonnerie.
Ironie du sort, trois ans plus tard, avec la mairie de Paris, je visite des locaux dans tous les arrondissements de Paris afin d’établir ma boutique atelier. Mes exigences étaient importantes, il me fallait : une grande porte d’entrée car j’ai pas mal de livraisons, pas de marche pour faire passer mon tréteau d’huile, des sanitaires séparés, la possibilité de créer un espace pour mon atelier et un autre pour la boutique. Et l’agent de la mairie de Paris me dit alors : « je pense que j’ai quelque chose pour vous. C’est rue des Poissonniers ». Alors là dans ma tête, je me suis dit, il faut que ça marche ! C’était un superbe hasard !
Quel est le concept derrière « Fleurs de Sardines » ?
Je suis presque la seule à proposer des savons cosmétiques 100% français. Dans la plupart des savons saponifiés à froid, on retrouve de l’huile de coco ou du beurre de karité. Ils ont l’avantage de bien mousser, d’être stables et ne deviennent donc pas rances trop vite, et ils sont bien blancs, ce qui permet de bien faire ressortir les colorants. Si on choisit de ne pas utiliser l’huile de coco ou le beurre de karité pour des raisons écologiques, on arrive sur des formules plus complexes. De plus, il faut maîtriser le coût de fabrication car bien que les autres matières soient plus proches géographiquement, elles sont souvent plus chères.
J’ai créé ma marque car je ne trouvais pas ce que je voulais. En commençant à faire mes propres cosmétiques dans la colocation rue des Poissonniers, des produits solides par souci écologique. Et puis quand j’ai commencé à prêter davantage attention aux matières que j’utilisais, je ne comprenais pas comment on pouvait annoncer un produit zéro déchet alors que les matières premières ont fait des milliers de kilomètres. J’ai retiré les parfums, les huiles essentielles et j’ai essayé d’utiliser les ingrédients les plus locaux possibles.
Les parfums sont souvent polluants à la fabrication et je considère les huiles essentielles comme étant précieuses. C’est dommage d’en utiliser dans des savons si c’est pour rincer immédiatement derrière. Pour moi, le choix des savons se fait en fonction du type de peau et non des couleurs et des parfums. Chez Fleurs de Sardines, on est sur un savon soin. Il s’agit d’un savon technique, efficace pour un type de peau.
Pour le côté plaisir, j’ai le galet exfoliant à la poudre de coquille d’huître, ma meilleure vente ! C’est un bel objet, ludique avec le côté « gratouilleux » de la poudre de coquille d’huître. Avec un nom comme Fleurs de Sardines, il fallait quand même un côté un peu marin !
Le galet exfoliant à la poudre de coquille d’huître
Du coup, si vous n’utilisez pas l’huile de coco ou le beurre de karité, quels ingrédients utilisez-vous ?
J’utilise des macérats huileux de Calendula, de Romarin ou d’Immortelle, de la cire florale, de mimosa ou d’immortelle. La cire de mimosa a des propriétés incroyables pour les peaux sensibles. Je fabrique également à partir de la poudre de plante d’ortie ou d’argile. C’est sciemment que je préfère ne pas avoir recours à la cire d’abeille. Laissons un peu les abeilles tranquilles ! Et tous mes colorants sont naturels, fabriqués à partir de la poudre de plantes ou d’argiles.
À quoi ressemble une journée type chez « Fleurs de Sardines » ?
Alors j’arrive un peu avant l’ouverture du magasin pour préparer. À 11h, j’ouvre le rideau et je débute la production, coupe mes savons. L’après-midi, je suis davantage dans le commercial et la communication. J’accueille les clients jusqu’à 20h.
Comment pense-t-on à une nouvelle formule ?
Une nouvelle formule répond à un besoin. Elle me vient généralement suite à une discussion avec un client. Par exemple, je développe une gamme de baumes qui sort d’ici une semaine. J’ai eu de nombreuses demandes de clients qui achetaient des savons et qui souhaitaient un produit à appliquer avant le coucher. De même aujourd’hui, je réfléchis à la création d’un shampoing solide. C’est pas évident car le tensioactif est toujours dérivé du coco.
Quels défis avez-vous rencontrés pour lancer votre activité ?
Mon ancien métier dans l’audit financier ne laissait pas la place à la rupture conventionnelle. Or j’avais besoin de financement pour me lancer. J’ai finalement démissionné et me suis lancée en free lance afin d’avoir des fonds pour ouvrir ma boutique. Ce qui est très compliqué, c’est l’obtention de financement. J’ai mis neuf mois à obtenir un crédit bancaire entre ma première demande et l’arrivée des fonds sur mon compte bancaire. Puis, trouver l’endroit idéal pour ouvrir sa boutique avec son laboratoire, et toutes contraintes que cela implique, n’est pas non plus une mince affaire. Il y a aussi trouver les bonnes formules…
Combien de temps cela vous a-t-il pris, entre vos essais de formule et la sortie de vos créations ?
Il s’est passé deux années entre mes premiers essais de formule chez moi à la maison et le dépôt de mes formules pour le test de toxicologie. Si j’avais opté pour l’huile de coco ou le beurre de karité, cela aurait été beaucoup plus simple et rapide. Ce n’est pas évident de trouver la bonne texture en 100% français. Par contre, j’ai eu la chance de trouver très rapidement mon image de marque grâce à Pauline, artiste bretonne, que j’ai découverte il y a deux ans sur Instagram. C’est une véritable partenaire, elle réalise le packaging, les photos, c’est elle également qui a créé le logo de Fleurs de Sardines.
Vous avez l’air déjà bien établie, sur des bases durables. Quels sont vos projets à venir ?
J’ai ouvert la boutique le 20 novembre 2021. Elle n’a même pas encore un an, c’est tout récent ! Je considère que je suis encore dans une phase de lancement. Je développe mes partenariats, recherche toujours de nouveaux revendeurs. Et au niveau des projets, j’élargis la gamme de produits Fleurs de Sardines, avec très prochainement la sortie des baumes et bientôt j’espère le shampoing solide. Je souhaiterais aussi créer des bougies. La bougie accompagne bien les savons et cosmétiques, mais créer une bougie, c’est un métier ! Ce qui m’intéresse, c’est apprendre de nouvelles choses, de nouvelles pratiques.
Retrouvez Fleurs de Sardines et ses créations sur kreamondo
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