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Le Blog

09 juillet 2019

Au delà des frontières de l’artisanat avec Janine Combes, Tasmanie, Australie

Kreamondo vous emmène pour la première fois en Australie, à la rencontre de la bijoutière contemporaine Janine Combes. Depuis la Tasmanie, la créatrice nous raconte ses inspirations, son histoire et sa vision artistique, tout en nous faisant découvrir cette magnifique île.

© Janine Combes

Pouvez-vous nous parler un peu de vous ?

Ayant grandi dans une ferme dans la campagne australienne, j’ai toujours été habituée à travailler avec mes mains. Ma carrière professionnelle a cependant commencé dans les services sociaux, où je passais la plupart de mon temps à parler et aider les gens. Durant cette période, j’ai décidé qu’il me fallait quelque chose de plus tangible et physique dans ma vie. J’adorais aider les gens, mais je préférais le temps passé seule à créer des objets, et le fait que je pouvais, à la fin de la journée, montrer quelque chose de concret que j’avais réalisé. J’ai tout de suite adoré.
J’ai commencé un cours en bijouterie deux ans durant. J’ai acheté quelques équipements afin de pouvoir travailler pendant mes jours de repos. Le tournant, pour moi, s’est produit lorsque mon partenaire et moi avons passé trois mois sur une petite île entre la Tasmanie et l’Australie. J’ai ouvert mon atelier sur l’île où je pouvais travailler ma patte et me perfectionner. Ma première exposition a eu lieu peu de temps après mon retour de l’île de Deal. Je me suis découverte une passion pour la vie sur l’île. J’ai construit un petit studio sur l’île de Bruny, sur la côte de Tasmanie, où je travaille. Je suis bijoutière depuis maintenant dix ans.

© Janine Combes

Comment est la vie sur l’île de Bruny ? Comment cette dernière affecte-t-elle vos créations ?

Nous avons la chance de pouvoir vivre entre deux endroits magnifiques, l’île de Bruny d’un côté, et la petite capitale de Tasmanie, Hobart. Depuis quelques années, un mouvement a émergé en Tasmanie, où beaucoup de personnes choisissent de vivre à la fois en ville et à la campagne. Je vis donc sur Bruny la première partie de la semaine, où je créée mes bijoux dans un environnement magnifique, et je vais à Hobart pour le reste du temps pour m’occuper des aspects administratifs et commerciaux de mon atelier. Ce juste milieu entre ville et campagne est une combinaison parfaite de solitude et de contact social dont j’ai besoin pour être épanouie et créative. Sur l’île, je suis complètement immergée dans mon art, pouvant rester des jours et des nuits sur une création si je le souhaite. Depuis mon petit atelier, j’écoute le chant des oiseaux et le bruit du vent dans les arbres. Je m’immisce et m’inspire complètement de la faune et flore qui m’entoure. Le rythme doux de la vie insulaire me permet de me focaliser sur le processus de création.
Les jours où je suis à Hobart, je suis souvent en contact avec des galeries et d’autres artistes, ce qui me stimule intellectuellement et artistiquement. Pendant ces quelquers jours où je suis « en ligne », je discute et m’engage avec d’autres personnes. Sur Bruny, je suis dans un espace créatif où la solitude règne.
Je pense que c’est cette combinaison de mode de vie qui a façonné ma patte artistique. J’ai le sentiment de pouvoir me concentrer sur mon propre style, tout en m’inspirant d’autres créations « en vogue », sans pour autant les copier.

© Janine Combes

Vous comparez vos créations à des « sculptures portables », comment distinguez-vous un sculpteur d’un(e) bijoutier(e) ?

De mon point de vue, la ligne séparant les deux arts est très fine. Il y a pour l’essentiel une différence d’échelle et de matériaux utilisés. Le bijoutier est plus enclin à utiliser des métaux précieux et semi-précieux. De plus, ce dernier va plus se concentrer sur la fonctionnalité et la la praticité de la création, bien que je réalise certaines pièces dans le seul but qu’elles soient exposées. Par exemple, je viens de finir un collier sur le thème de la vie de femme. Cette pièce comprend de nombreux matériaux et les thématiques exprimées à travers cette création sont très fortes. Bien que je la considère davantage comme une sculpture qu’un bijou, elle fait tout de même partie de ma collection de bijoux. C’est cette ligne très fine entre sculpture et bijouterie qui m’intéresse et qui me pousse à continuer.

© Janine Combes

Vous utilisez une variété de matériaux et de techniques lors de vos créations. Y a-t-il d’autres formes d’art que vous souhaiteriez explorer ?

Je suis constamment à la recherche de nouvelles techniques et matériaux. Dans quelques semaines, je serai à Bangkok, pour apprendre, cinq jours durant.
Je pense souvent à faire le pas vers la sculpture, car l’aspect unique de la création et le fait de travailler sur une plus grande surface me plait. Cependant, l’investissement financier est plus important, et mon atelier est pour l’instant trop petit pour pouvoir me concentrer seulement sur la sculpture.
En tant que bijoutière contemporaine, je cherche a constamment renouveler mon style et à améliorer mes compétences. Réaliser des bijoux est pour moi une manière de matérialiser ce que j’imagine, cela présente des difficultés techniques qui demande de nouvelles approches.
Je me suis rendu compte qu’effectuer des résidences me permettait de renouveler et de rafraîchir mon style. L’année dernière, j’ai eu la chance d’être financée par Arts Tasmania pour une résidence artistique sur l’île de Maria, et encore avant cela, j’avais eu l’opportunité de faire une résidence au Nord du Vietnam. De ces expériences sont nées de nouvelles formes et je pense continuer avec cette combinaison pour les années à venir.
Une autre route artistique que j’ai commencé à explorer est en relation à ma précédente carrière dans les services sociaux. J’aimerais introduire des thématiques liées à cette profession dans mes créations. Ce sont souvent des histoires très personnelles, ce qui me permettrait de rattacher mes créations à un niveau communautaire.

© Janine Combes

Vous pouvez suivre Janine sur Facebook, Instagram et son site web.

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