Julie Loaëc et la céramique : une histoire de rencontres !
Il y a quelques semaines, nous sommes partis à la rencontre de Julie Loaëc, artisane céramiste qui a ouvert une boutique-atelier à Brest. Nous avons découvert un magnifique atelier, né d’une succession de rencontres.
Revenons un peu en arrière :
Julie Loaec est née à Brest. Elle débute ses études à Rennes par une Licence en Arts Plastiques, afin de devenir professeur. Durant ses années d’études, elle pratique la gravure. L’un de ses professeurs apprécie particulièrement ses œuvres et décide de lui laisser les clefs de son atelier afin qu’elle y travaille à son bon vouloir ! Julie découvre par ce biais la solitude réjouissante du travail en atelier. C’est étonnamment, d’abord, l’atmosphère du travail en atelier, qui la pousse à abandonner son souhait de devenir professeur. Elle commence alors à visiter les ateliers de créateurs de la ville…
La rencontre avec la céramique !
portrait de Francine Triboulet – Tesson Exquis
C’est en visitant l’atelier de Francine Triboulet, céramiste, qu’elle approche pour la première fois la pratique de la céramique. Fascinée par les formes et la fonction utilitaire que revêtent les créations de Francine Triboulet, la pratique de Julie Loaëc se transforme, passant de la sculpture à la création d’objets de la vie quotidienne. La fonction d’utilité des objets qu’elle crée – sans jamais délaisser l’esthétique poétique qui lui est propre – devient alors primordiale. La possibilité d’insuffler de la poésie dans la routine quotidienne, par un objet la ravit. Elle décide de se présenter au concours de L’École Supérieure des arts appliqués à Paris. Persuadée qu’elle ne sera pas reçue, elle prépare en parallèle un dossier de service volontaire européen pour travailler au Portugal. La vie en décide autrement !
“Vase sculpture” – Julie Loaëc
Reçue à l’École Duperré Paris, elle fait ses bagages et commence sa formation. Durant sa formation, la tendance est à l’art conceptuel et minimal. Sa pratique de la céramique, comme support aux illustrations poétiques qu’elle crée, est mal perçue.
« Maison à la campagne » – Julie Loaëc
La rencontre avec la terre !
Julie multiplie les stages pour se perfectionner en tournage et être capable de produire des formes identiques en série. Pourtant, travailler en série et produire des pièces toutes identiques ne l’épanouit pas. Cela lui donne l’impression de participer à une production industrielle. C’est au cours d’un apprentissage dans le Berry, auprès de Eric Astoul, qu’elle lâche prise. Elle se laisse alors porter par la forme à naître, qu’elle ressent et sculpte en conséquence. Dès lors, chacune de ses créations acquiert une identité propre. Le tournage devient l’occasion, toujours renouvelée d’une rencontre avec la matière !
Portrait de Eric Astoul – Galerie Prisme
Les céramistes, une grande famille !
Comme pour la Terre, c’est par la rencontre avec la matière que Julie Loaëc trouve son identité de créatrice. Son identité en tant qu’artisane-céramiste prend de son côté racine dans la rencontre avec des collectifs de céramistes. Lors de ses divers stages, elle découvre un monde où l’entraide, la convivialité et l’authenticité priment. A une époque où l’individualisme trône, la communauté des céramistes demeure un îlot de bienveillance dans lequel elle entre peu à peu.
De retour à Brest, c’est emplie de ces valeurs qu’elle ouvre avec Elsa Alayse, sculptrice céramique, l’atelier boutique que nous découvrons.
L’atelier-boutique
Son travail a continué d’évoluer. Si les premières années de sa pratique ont été influencées par la pratique de la gravure et utilisaient essentiellement la déclinaison du noir au blanc, la couleur s’impose aujourd’hui. Nourrie par ce qui l’entoure, les représentations urbaines laissent la place à des projections sensibles de la nature.
« Paysage Bleu » – Julie Loaëc
Un long processus de création
Julie Loaëc travaille sur la longueur. Son protocole de création s’intègre parfaitement dans les principes de la slow-production. Le processus de création dure un mois. Elle commence par le mélange qui donnera naissance à ses porcelaines, un mélange constitué de quartz, de feldspath et de kaolin additionné d’argile à pipe. Une fois la matière brute créée, elle la sculpte pour donner vie à des objets atypiques du quotidien.
Elle conçoit ensuite elle-même les engobes, qui lui serviront à intégrer la couleur à sa porcelaine. Les engobes sont une sorte de revêtement mince à base d’argile délayée, appliqué à cru sur une pièce de céramique pour modifier sa couleur naturelle. Leur préparation consiste en un mélange d’oxydes et de colorants. Une fois les engobes terminés, elle entame le décor, nourrie par ses balades maritimes et rurales de Bretagne !
« Rochers-algues » – Julie Loaëc
Julie Loaëc continue jusqu’à obtenir 80 à 90 pièces, à savoir la contenance de son four à céramique. Commence alors la première cuisson de 980°. Celle-ci terminée, elle émaille l’extérieur et garde l’intérieur brut. Cette particularité est l’un des éléments qui caractérisent son esthétique. S’ensuit la dernière cuisson qui cette fois atteint les 1280° !
Le processus se termine par le ponçage qui définit la douceur de chaque pièce, lui donnant une identité tactile unique.
« végétal » – Julie Loaëc
Des objets pour des rencontres
Ce que préfère Julie Loaëc, c’est réaliser le décor ! Elle les réalise d’abord pour elle-même, c’est à cet endroit qu’elle exprime le plus son intériorité. Lorsque quelqu’un aime l’une de ses créations, c’est alors l’occasion d’une rencontre, entre deux univers. Julie Loaëc affectionne particulièrement les visites et les discussions qu’elles engendrent à son atelier. Mais le comble du bonheur l’atteint lorsque ses créations sont réellement utilisées en tant qu’objets. Elle aime l’idée que ses pièces puissent ramener de la poésie dans nos routines journalières.
Portrait de Julie Loaëc
Retrouver l’univers de Julie Loaec et ses créations sur son profil Kreamondo.
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