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02 décembre 2022

Lemon Scarlet Galerie – la poésie de la nature illustrée

Enchanteur. C’est ce qui ressort de l’univers créatif de Stéphanie Schouvey, peintre botaniste et naturaliste. Dans cet entretien, la créatrice de la marque Lemon Scarlet Galerie nous livre avec pudeur et sensibilité son parcours, ses inspirations et son art, qui mêle botanique et aquarelle et qui est hérité des premiers botanistes.

Comment êtes-vous devenue peintre botaniste et naturaliste ?

Cette passion pour l’aquarelle, ou pour l’art en général, je la dois à mes parents. Je suis née en Provence, dans un monde paisible, avec des parents unis. Nous avons vécu dans de belles maisons, avec de beaux jardins, un château, même.  Mes parents sont des créateurs. Avant de devenir dessinateur industriel puis pdg, lorsqu’il était enfant, mon père jouait près de la Saline Royale d’Arc-et-Senans, conçue par Claude-Nicolas Ledoux, un architecte visionnaire des Lumières. C’est un peu ce qu’il a voulu reproduire toute sa vie, à travers sa passion des maisons.

Je garde de mon enfance des souvenirs très heureux et chaleureux, un peu à l’image de l’univers de Sarah Kay, la dessinatrice australienne très connue dans les années 70. C’est dans cet univers romantique, que je restais des heures à rêvasser et j’ai développé très tôt un intérêt pour les architectures, les peintures, les fleurs. Et à 17 ans, poussée par mes parents et ma passion, j’ai fait un premier stage de peinture à l’huile. A la suite duquel mon parcours artistique s’est enchaîné.

Comment êtes-vous passée de ces premiers cours de peintures à l’huile, jusqu’à devenir peintre aquarelliste ?

Je me suis mise tardivement, à l’aquarelle, vers 35 ans. Avant, j’ai étudié l’histoire de l’Art, puis la restauration de peinture, où l’on est très proche de la matière, avec ce goût pour la précision.

Mais voilà, après 20 ans de restauration de peintures à Paris à travailler pour des galeries ou musées, je me suis rendu compte que j’étais incapable de créer. J’avais le sentiment de passer derrière les oeuvres.

J’ai alors pris des cours d’aquarelle botanique avec Agathe Haevermans, au muséum d’histoire naturelle, à Paris. A l’époque, je trouvais ça exigeant et d’une lenteur, mais je savais que ça allait me servir dans l’avenir.
Je suivais les cours, à côté de mon travail de restauratrice. C’est venu combler ce manque d’activité créatrice, qu’on retrouve difficilement dans la restauration de peinture où la déontologie prend une place très importante : « tout ce qu’il ne faut pas faire »… Et puis, j’aimais me rendre au jardin des Plantes près du muséum d’histoire naturelle. C’était un peu mon lieu de refuge, et de nature aussi.

Pourquoi l’aquarelle botanique, et pas d’autres types de peinture ou de thèmes ?

Difficile à dire. Je pense, que c’est un cheminement, un cheminement intérieur. Je n’avais pas trop expérimenté l’aquarelle avant, juste le dessin et la peinture à l’huile. J’ai suivi beaucoup de cours, mais pas sur l’aquarelle. Et j’avais envie de quelque chose de nouveau, qui en même temps reste proche de moi. Il en va de l’aquarelle botanique, de son côté scientifique dans lequel je me retrouve.

Portrait Stéphanie Schouvey ©Lemon Scarlet Studio

Quelles sont vos inspirations ?

Les fleurs, les végétaux, la nature, qu’elle soit d’ailleurs épanouie ou au repos. J’aime les ruptures dans les saisons, je les peins toutes. J’ai besoin de ce changement qu’offre la nature.

Et il y a aussi les plantes du Moyen-Age, d’après les Grandes Heures d’Anne de Bretagne qui sont des ornementations représentant plus 300 espèces. Et puis il y a les bouquets de fleurs de la Renaissance, la période que je préfère.

Avez-vous une saison de prédilection ?

J’adore l’hiver, car les végétaux prennent une forme tortueuse, sèche, couleur sépia. Cela m’émeut beaucoup. Mais ma saison favorite, c’est le printemps. Je suis une fille de l’hiver, née en février, mais le printemps, c’est l’épanouissement de la nature, la multitude de végétaux, c’est toujours un moment, une saison de prédilection pour moi.

De quelle manière travaillez-vous ?

J’ai plusieurs façons de travailler. J’ai toujours mon appareil photo sur moi, et photographie beaucoup les végétaux. Je fais aussi des cueillettes, et mes propres scénographies de plantes. Je pense déjà à ma composition de fleurs et plantes, que je dispose sur une feuille. En hiver, par exemple, je privilégie les baies, dispose plusieurs petits végétaux, puis je prends mes photos. Et peins d’après ces photos.
C’est d’ailleurs une méthode de peinture transmise par les premiers botanistes, quand ils partaient en voyage, pour retranscrire les espèces végétales. C’était de véritables expéditions pour ces explorateurs. Ils n’avaient pas d’appareils photos. Ils prenaient beaucoup de notes, faisaient leurs herbiers, c’est-à-dire qu’ils faisaient sécher les plantes et les disposaient sur des planches, avant de les peindre. Ils faisaient aussi des aquarelles de voyages, et réalisaient les planches définitives une fois rentrés chez eux.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’aquarelle botanique ?

L’aquarelle botanique est une technique sèche qui utilise très peu d’eau. C’est très utile pour le travail du détail et la finesse d’exécution. C’est une technique rigoureuse qui ne permet pas l’invention, et en cela se distingue de l’aquarelle de fleurs. On doit pouvoir comprendre l’anatomie de la plante sans pour autant dessiner toutes les valeurs comme dans le dessin scientifique. Il faut être bon coloriste et pouvoir restituer les couleurs de façon à être au plus proche de la réalité.

Aux XIXe et XXe siècles, l’aquarelle s’est modernisée, poussant loin le réalisme. Mais ce n’est pas ce que je recherche : je peins de façon plus spontanée et artistique.

©Lemon Scarlet Galerie

Dans vos aquarelles, il en ressort quelque chose de très doux. Est-ce lié à l’aquarelle en elle-même, ou au regard que vous y portez ?

Il y a quelque chose de « doux » lorsque je dilue la couleur dans l’eau. Je commence en méthode aqueuse par des lavis, puis étapes par étapes, je réduis l’eau dans mon mélange, pour finir en technique sèche.

A travers mes aquarelles, je raconte la nature comme je la vois au quotidien. Alors est-ce le fait que l’eau m’apaise lorsque je peins ? Je ne sais pas.

Cette part de sensualité et de douceur est spontanée chez moi. Quand je travaille, j’ai toujours des lignes directrices, nourrie de passion, de désirs, en tout cas rarement linéaires.

©Lemon Scarlet Galerie

Vous avez récemment créé en collaboration ?

Oui, sur le thème culinaire. Cette collaboration date d’il y a 2 ans. Nous avons sorti avec Valérie Cupillard, auteure culinaire, une première collection, essentiellement sur les aromatiques, puis une autre sur les agrumes, et dernièrement sur les épices de noël. J’ai été tout de suite séduite par son travail, je l’ai contactée spontanément, et lui ai proposé de créer des cartes, avec, au recto, une de mes illustrations, et au verso, une de ses recettes de cuisine.

Epices de Noël ©Lemon Scarlet Galerie

Lors de la préparation de cet entretien, vous nous avez évoqué une autre collaboration plus récente encore…

Très récemment, et par un heureux hasard, on m’a proposé de participer à grand concours d’aquarelle. La marque Winsor & Newton organisait cet événement sud-européen pour la première fois.  Sous le nom de « ColArt« , elle regroupe par exemple les huiles Lefranc Bourgeois, Liquitex, la gouache Linel ou les crayons Conté. Leur usine de fabrication se trouve au Mans, en France, même si la maison a été créée en Grande-Bretagne.

J’ai été sélectionnée avec mon aquarelle de « Pivoines pourpres », qu’on retrouve sur mon eshop. Cette journée là nous avons eu une masterclass privée avec les autres lauréats dans la boutique Charbonnel à Paris, un lieu historique pour les peintres, c’était vraiment une superbe expérience.

Pivoines ©Lemon Scarlet Galerie 

Dans quelle ambiance travaillez vous ?

C’est un métier solitaire. J’ai besoin de la lumière du jour pour travailler. J’ai une lampe qui restitue les couleurs dans les jours grisâtres. J’écoute beaucoup la radio lorsque je travaille, les émissions sur l’histoire et la littérature, France musique, les interviews de laure Adler, FIP aussi.

Quels sont vos projets à venir ?

J’ai un nouveau projet passionnant de livres de poèmes illustrés. Avec pas seulement des végétaux mais une thématique naturaliste. Mais je ne peux pas trop vous en dire plus pour le moment, car le projet est en cours de formation.

Comment pourriez-vous qualifier votre travail en un mot ?

Le mot qui me plait le plus serait « enchantement ». Dans ce mot, il y a chant, il y a l’action en faisant, en créant et quelque chose qui évoque la légèreté  et la durée.

Découvrez les créations de Lemon Scarlet Galerie.

 

 

 

 

 

 

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